PUNITIONS OU SANCTIONS EDUCATIVES

L a question des punitions ou des sanctions vient interroger régulièrement les parents , les enseignants et tous ceux qui sont chargés d'éduquer.

En famille quand un enfant a désobéi , a porté atteinte au respect des autres, il est nécessaire de lui rappeler d'une façon ou d'une autre qu'il existe des règles à suivre. Comment opérer ce rappel à la règle ou à la loi ?

Nombreux sont des parents adultes de ce début du 21e siècle, à avoir connu dans leur enfance des punitions essentiellement centrées sur les châtiments corporels ou des privations ou encore de l'isolement.

C'est un sujet encore très sensible et parfois très douloureux car appliquer des sanctions quand on aime son enfant peut rester insupportable pour certains parents. D'où l'intérêt de prendre le temps de réfléchir à plusieurs sur les autres voies possibles pour permettre aux enfants d'intégrer des règles de vie sociale et collective .

Les châtiments corporels sont encore très utilisés face aux divers manquements et autres désobéissances des enfants ou des adolescents. Ils sont souvent appliqués en réaction immédiate par l'adulte chez qui le comportement de l'enfant suscite une émotion vive, le plus souvent de l'irritation et même plus , à savoir de la colère et de l'indignation.

Nous sommes des humains et toute émotion de colère comme le souligne Alexander Lowen s'exprime dans le corps par une sorte d'onde qui passe par le dos , arrive aux épaules et dans les bras. La fin de ce mouvement est une décharge au niveau des mains et ce de façon plus ou moins violente.

Autre niveau où s'exprime la colère selon Lowen , les mâchoires. Alors nous sommes amenés à crier ou à mordre pour décharger là aussi une tension trop forte. Nous avons appris depuis notre petite enfance qu'il n'est pas permis de mordre nos camarades .Mais symboliquement , c'est ce que notre corps réclame. Heureusement , l'éducation veille à nous apprendre à devenir autant que possible respectueux des autres.

Alors, plutôt que de corriger physiquement un enfant, il vaudrait mieux évacuer notre colère et ensuite, un peu à froid, revenir sur les faits et les conséquences de ses actes.

Je sais que nous n'avons pas appris en tant que parents à réagir de la sorte . Nous reprenons tout à fait inconsciemment les attitudes de nos parents si nous ne réfléchissons pas à la possibilité de régler ces tensions éducatives par d'autres méthodes. D'où l'intérêt de partager des expériences entre parents et personnes chargées d'éduquer à ce sujet !

La question des châtiments corporels a été bien étudiée par Alice Miller ,  doctoresse suisse en philosophie, psychologie  et sociologie. .

Elle a écrit plusieurs  livres très intéressants sur le processus qui conduit à des actes violents, à partir de méthodes éducatives basées sur l'humiliation, le non-respect de 'intégrité du corps de l'enfant. Elle dit que " si tous les bourreaux ont été des victimes, il n'est pas nécessaire que toutes les victimes deviennent des bourreaux".

Son livre   A battre le mur du silence publié en 1991, commence par cette observation  qui peut se résumer ainsi : " On ne s'est jamais demandé pourquoi il existe des personnes qui veulent détruire le monde " . J'ai découvert ce livre en septembre 2001, après les attaques de tours jumelles de New York...

Tous ceux et celles qui vivent avec une sorte de désir de destruction des autres seraient ainsi porteurs de violence intériorisée, parfois à leur insu.

Sur le site d'Alice Miller, vous trouverez des textes et des témoignages qui vous aideront  à mieux comprendre quelques  causes de la violence.

La sanction est nécessaire quand il y a eu non-respect des règles. Cela suppose que la règle soit clairement établie pour l'enfant, l'adolescent et les adultes qui s'occupent de lui. Les conséquences négatives de ses actes sont à souligner chez l'enfant. D'autre part , la nécessité d'un recherche de réparation s'impose pour réduire le lien négatif entre la victime et l'auteur du dommage créé.

Par exemple, l'enfant qui dit un gros mot et insulte ainsi un de ses camarades, pourra réfléchir aux moyens de réparer même de façon symbolique le préjudice causé à une autre personne.

Les effets sur les deux parties reposent sur le respect d'une règle de reconnaissance du tort causé à la victime et à la responsabilité de chacun pour ses actes.

Ceux qui veulent en savoir plus sur la mise en place d'une démarche de réparation suite à un préjudice causé à une personne, peuvent rechercher sur le Net, les sites qui développent ce qu'on appelle " la justice réparatrice".
Bonnes découvertes !

Depuis le dernier message  sur ce thème, il y a eu   des évolutions.

En particulier, en France , un vote est intervenu  autour de la fessée et donc , des châtiments  corporels.  Alice Miller et d'autres ont longtemps milité pour l'interdiction des châtiments corporels. Sur le site d'Alice Miller, vous pourrez lire un texte très instructif  intitulé  "Il n'y a pas de bonne fessée !" .

Dans l'opinion publique, cette décision fait débat. Nombreux sont ceux et celles qui rétorquent que c'est la porte ouverte au laisser-faire et à la décadence dans nos sociétés.

Il  est important de comprendre les conséquences physiques et surtout psychologiques  de ces corrections corporelles.  En étant très en colère, certains adultes ne mesurent pas  le degré de violence avec lequel , ils frappent un enfant qui n'est pas en mesure de se défendre.
Des études ont mis en évidence que ces traitements violents laissent des cicatrices émotionnelles dans le cerveau des enfants.  De plus des neurones, cellules du cerveau sont détruits à un âge où cette partie du corps est en plein développement.


Alors que faire ?  Les réponses ne sont pas forcément simples car elles sont en lien avec l'histoire personnelle de chaque parent.

Certains parents qui ont été battus quand ils étaient enfants peuvent réagir de façon différente. Les uns seront vigilants pour ne pas reproduire le modèle de leurs propres parents. Les autres répéteront ce qu'ils ont subi, en proclamant quelquefois qu'ils ont été battus et que cela leur a fait du bien.

Alice Miller a écrit un livre intitulé "C'est pour ton bien". Elle  décrit l'histoire  familiale  et éducative  d'Adolf Hitler. Elle explique que ce  dictateur , enfant était battu et humilié par son père.. Celui-ci était l'enfant illégitime  d'une cuisinière  , employée dans une famille juive. et sa vie fut marquée  de plusieurs signes de  disqualification : pauvreté- naissance illégitime , séparation de sa mère à l'âge de 5 ans.
Il  était par son père,  d'origine juive.

A l'âge adulte , son fils, parvenu au pouvoir politique , a utilisé celui-ci   pour régler  ses souffrances familiales.

Dans un autre livre intitulé Libres de savoir, Alice Miller  illustre ce qu'elle appelle "la cécité émotionnellle". C'est une sorte de refoulement qui conduit un adulte,  victime de violence éducative,  de ne plus ressentir sa souffrance d'enfant battu.

Quand on comprend mieux ce qui se passe dans la vie des personnes ayant  souffert  de violences physique, psychologique dans leur enfance,  l'interdiction nous conduit à chercher des alternatives  éducatives.

 Il est possible d'éduquer, de transmettre des règles autrement.

Une de ces voies, est celle prônée par Marshall Rosenberg, à savoir la Communication non-violente.

Ce sera l'objet d'un prochain message.

Nous attendons vos réactions et vos témoignages.

Certains lecteurs vont peut-être s'interroger . La communication non-violente est une méthode de gestion des conflits . Elle a été créée par Marshall Rosenberg.

Elle consiste à se centrer sur soi, suite  à une situation conflictuelle.
Il s'agit de faire le point sur la situation en prenant  conscience de ses émotions , de ses besoins , et de formuler une demande.

Les  débuts de phrases suivantes peuvent faciliter l'expression de cette communication non- violente

LE MESSAGE - JE
COMMUNICATION NON-VIOLENTE

C’est un moyen de communiquer ce que l’on ressent et ce que l’on veut, sans attaquer l’autre personne. Il facilite le dialogue et la recherche d’une solution.

1. Dire ou écrire le Prénom de la personne     ……………………………………………………………………………………….

2. Quand …………………….…………………………………………………. …….
Dire les faits, parler du problème………………………………………………………….

3. Je me sens ………………………………………. ………………………………….
Exprimer ce que l’on ressent, les émotions vécues à ce moment-là : peur, colère, tristesse, honte …..

4. Parce que j’ai besoin  …………………………………………………………………..…………………………………….
Exprimer ses  besoins en lien avec la situation  qui cause le  conflit

5. J’aimerais que……………………… …………………………………………………      
Dire ses attentes ,  ses demandes


Ceci donne la possibilité à l’autre , de réagir, de revoir sa position sans se sentir abaissé.
Après avoir complété ce message , vous pourrez  observer vos ressentis.

Il n’est pas obligatoire de transmettre le message à la personne à l’origine du conflit.
Vous pourrez trouver des vidéos de Marshall Rosenberg  sur You tube